BONES
2011
Dans « Le bifteck et les frites » Roland Barthes écrit:
« le bifteck […] c'est le coeur de la viande, c'est la viande à l'état pur, et quiconque en prend, s'assimile la force taurine. [...] le prestige du bifteck tient à sa quasi-crudité: le sang y est visible, naturel, dense, compact et sécable à la fois »
Cette représentation de la viande est incroyablement riche de sens, un échange animal entre celui qui est mangé et celui qui mange.
Il s'agit d'une question de chasse.
Mais c'est de l'Homme dont on parle, « cet animal fabricateur d'outils ».
Au moment où cet homme moderne mange un bifteck, il semblerait que le rapport charnel avec la viande sanguinolente réveille un mythe animal: l'échange de force vitale nécessaire entre la proie et le prédateur.
Barthes n'évoque d'ailleurs aucun outil "médiateur" entre l'homme et la viande.
Cette série de couverts illustre cette ambiguité en mêlant os et titane.
L'utilisation d'os, introduit une part d'aléatoire et constitue la part brute, animale de l'objet.
Le titane, grâce à ses caractéristiques techniques exceptionnelles, et ses différents champs d'applications
(industrie aéro-nautique, militaire et médicale entre autres) représente la part technique, artificielle, et donc, humaine de l'objet.